conservatoire national des archives et de l'histoire de l'éducation spécialisée et de l'action sociale

 

Les pensées outre-tombe d’Amélie POLLONAIS

La Fouine, ce jour-là, avait décidé de se rendre au cimetière israélite de la colline du Château.

Elle avait ouï-dire en effet que reposait dans ce cimetière la fameuse Amélie POLLONAIS, dont tout un chacun se souvient grâce aux travaux de Philippe LECORNE, travaux dont nous avions fait état en son temps…  https://www.cnahes.org/fiche-de-lecture/

Curieuse et ficanasse, la Fouine se devait d’aller faire un tour…  

Cette Amélie POLLONAIS avait donc fondé en 1896 l’œuvre des Détenus et Libérés des Alpes-Maritimes, ancêtre de « l’Oeuvre de Patronage des Enfants abandonnés et détenus … » du juge DORMAND, elle-même à l’origine de l’association ALC…https://www.cnahes.org/la-rubrique-de-la-fouine-avril-juin-2022/

Quelle ne fut l’émotion de la Fouine de découvrir le nom d’Amélie POLLONAIS sur un monument funéraire difficilement accessible, caché au fond de ce vieux cimetière…

Et quelle ne fut sa surprise de voir que sur la pierre tombale s’étalaient des inscriptions, difficiles à déchiffrer parce que couvertes de mousses et de moisissures : la Fouine s’empressa de gratter et de nettoyer au mieux… 

A sa stupéfaction, la Fouine venait de découvrir les « pensées d’Amélie POLLONAIS », gravées dans le marbre pour l’éternité…

Certes, à la lecture, ces « pensées » ne paraissaient pas d’une profondeur insondable, mais l’émotion était là.

Qu’on en juge par ces quelques extraits :

« Un seul être sauvé, c’est avoir travaillé pour l’humanité tout entière »

              « Croire au bien pour le faire naître

                Croire l’homme bon pour le rendre bon

                  Être pauvre pour être heureux »

« Il est des voix intérieures qui parlent aux déshérités d’ici-bas d’une terre promise ailleurs »

« Ambition, gloire, fortune…Tout s’efface devant ces mots : amour, charité, fraternité »

« Jeunes enfants riches ou pauvres, frères par la parenté céleste, sachez que le travail est l’acheminement du bonheur sur la Terre, et la route de l’éternité dans le ciel »

Ces « pensées » que la Fouine aurait bien vues inscrites

Amélie POLLONAIS, 1892, Album Mariani

sur les cahiers de ses années de collège, reflètent une approche typique de la bourgeoisie charitable et bien-pensante.

Il n’empêche : au-delà de la vision naïve et paternaliste, c’est bien au travers de son engagement personnel qu’Amélie POLLONAIS a contribué de sa place et en son temps à construire l’action sociale.                         

Avant que cette dernière ne devienne l’affaire de l’Etat et de la solidarité nationale, la fraternité de la République s’est longtemps exprimée au travers de la charité religieuse ou de l’action militante…

Mais quel est le but ultime de cette charité si bien ordonnée ?

 

Amélie POLLONAIS nous donne ici quelques éléments de réflexion :

« Heureux ceux pour qui le vrai but de la vie est de se rendre digne de l’amour de Dieu »

Et puis, ce petit mot de sa main, trouvé dans l’« album Mariani » de 1894 :

 « Devenu l’ami du pauvre, tu rendras l’ouvrier à l’atelier, le paysan à la charrue, et le soldat à la patrie ! »

Autrement dit,
chacun à sa place,
dans l’ordre social établi par notre Seigneur…